mardi 19 mars 2024

GAZA

 

Il fut un temps où Gaza s'ignorait

Le sable enroulait le pied des chameaux

Les fruits profitaient l’herbe se démenait

Les hommes prenaient des bains avec les 

femmes

Des dattes fraîches collées au coin des lèvres

Ils priaient parfois

Parce qu’un arbre est beau et que lui rendre 

hommage procure le même plaisir qu’il 

donne par son feuillage

Puis des conquérants vinrent

Partirent revinrent

Des fous de l’esprit aussi

La terre fut dite sainte

Et dès lors maudite

Le temps ne laissa plus d’espace à l’espace

La terre fut conquise reconquise

Occupée aujourd’hui

A subir son sort

Où circuler est cauchemar

Et ne pas le faire crève-coeur

Cellule à ciel ouvert

Qu'un toit de bombes recouvre chaque jour

Demain elle sera tombe

Le désert alors pourra recommencer

A y blanchir les eaux du souvenir

Laissant un filet se faufiler

Pour ne pas renoncer au rêve

Quand les chameaux savaient sourire

Car rien n'entravait leur galop



19 mars 2023

Enclave de Gaza bombardée depuis octobre 2023


 

lundi 18 mars 2024

Intelligence artificielle

 




IA      IA     IA

Vas-tu désormais ânonner poète

Des mots mâchés par la machine ?

Usbéer aux étoiles ta clef dans le cosmos ?

Vas-tu devenir doigt

Au lieu de tenir plume ?

Appuyer envoyer

Être craché par le réseau

Sur mille écrans miroirs ?


Like      like     like

Où sera le vrai alors

Le faux ?

Où seras-tu toi ?


Le ciel est un œil grand ouvert

Dont tu es part de la paupière

Si l’IA te sert

                        un verre

                                        rempli de vers

Prends-y donc garde


Le goût des strophes

Sera celui

Des catastrophes



 

La place que prend l'intelligence artificielle

Moi-même des fois je me demande...


 


mercredi 28 février 2024

La grâce de Bob Marley

 



Il s’élève inspiré

Icône dans la fumée d’un cône à deux mains tenu

 Les joues creusées

Cheveux de Méduse sur lesquels le temps n’a pas de prise

 

 

Une main au micro l’autre à l’oreille

A grands gestes d’oiseau

Il répand un message de paix

Atteignant la grâce

L'épuisant

La rendant aussitôt


Sa voix mène la danse des ombres et de la lumière

Hey brother ! come with me in the sun and sing !


La grâce de Marley

est d'être beau sans beauté

feu sans brûler

d'annoncer la couleur

aux Noirs et aux Blancs

il faut aimer man

il faut fumer prier chanter

et jouer au ballon




Printemps des poètes mars 2024


 

lundi 26 février 2024

Mon pays que je ne vais pas quitter

 

Frappé sectionné labouré

Attaqué assailli bombé meurtri

Fondu fendu percé blessé

Mon pays que je ne vais pas quitter

Pour quel silence sinon quelle incompréhension

Quel exil

Ce pays dont peu importe l’identité

Le drapeau l'hymne les oraisons

Qui n'a de raison

Que parce qu'il est maison

Havre repos

Qu'il est l'histoire des miens et de mes souvenirs

Qu'il accueille chacun pour peu qu’il soit ouvert

A un mot un café un poème

Sans rapter des enfants

Sans détourner la langue

Sans prétention d’empire frontières à étendre

Mon pays dont la terre est Terre tout entière

Ce pays que je ne vais pas quitter

 

 

22 février 2024

Deux ans de guerre en Ukraine


 

 

Laver Ravel (de tout soupçon)

 

On veut ravir à Ravel son Boléro

Ce cadeau fantaisie pour Ida la danseuse

Ce ballet sans valeur qu'il disait le Maurice

Qu'un gamin musicien aurait pu composer

Car voici venu le temps pour tous et chacun

De se l'approprier le jouer librement

Or certains embouchent rentabilité

Fructification perception bénéfices

Voulant gonfler la note des exécutants

Qui sans plus de portées risquent de 

s'emporter

Pour juste cause de ras-le-boléro


21 février 2024

audience au tribunal de Nanterre pour que soit déclaré un coauteur au Boléro de  Ravel

  afin d'en prolonger l'exploitation des droits d'auteur


dimanche 18 février 2024

Alexeï NAVALNY

  


Avalé Alexeï par la grande bouche ombreuse

Disparu au ventre de la baleine

Rangé près de tant d’autres

Dans les tripes d’un roi qui navigue à 

l'envers

Qui abrutit son peuple et le ridiculise

Le roule sous ses bottes le ballote tapote

Lui laissant comme espace pour penser à

demain

L’air lourd à respirer

Pour l’opposant rieur

Ce fut le blizzard de KHARP / glacial

- 30° dans le nez les dents et les oreilles

Pour la sortie du jour

Il tenait bon pourtant

Le cactus libertaire

Malgré « La nuit puis le soir puis à nouveau la 

nuit »

Ils n'ont pas eu l'esprit

Le corps alors fut pris



16 février 2024

Probable assassinat d’Alexeï Navalny, opposant russe 

purgeant une peine de 19 ans dans la colonie pénitentiaire de KHARP


 

samedi 10 février 2024

Robert Badinter

 

L’homme est en nous de longtemps

Dans nos mémoires la vie le quotidien

Irrigués de sa foi en la progression de l’esprit

Idéal rêvé idéal atteint

Peine de mort abolie

Juridictions d’exception abrogées

Il a répandu la voix du partage

Du droit patrie commune

Sans papiers sans médailles sans statues

La seule qui vaille

Du feu de la fraternité

Le seul qui vaille d’être alimenté

Homme dédié à l’écoute

Disant après Hugo après Jaurès

après ce qu’il y a de meilleur en nous

Que oui c’est possible

Que oui il faut croire

Que oui là déjà aujourd’hui

La belle vie est à prendre

 

Alors bien sûr le Panthéon

Le marbre les lauriers les déclarations

Mais son humanisme comme viatique

Déjà suffit




9 février 2024

Décès de Robert Badinter


 

dimanche 4 février 2024

Jour de dédicace (A Stéphanie, Rémi, l’équipe COIFFARD)

 

Première
Trac
Et si des lecteurs venaient
Et s’ils ne venaient pas
Dédicace-gueule
Une amie passe le seuil joviale
Ça dégonfle à l’intérieur
Stabilisateurs en action
Gentillesse bavardage
Décrispation sur les accoudoirs du fauteuil
Les boiseries se reforment dans le champ de vision
Chargées de livres qui vont m’aider
C’est ça le truc

Les mots courent en page titre
Des accouchés mes bébés
Une adolescente ose pour sa maman
Du policier dit-elle
Ah non hélas mais j'ai une croisière en Méditerranée
Oh ! oui elle fait du bateau
Ma première inconnue bénie sourit en repartant
Puis un poète en cavale
Et un autre, peintre aussi, qui s’installe à converser
C’est bon cet appui l’un à l’autre
Un monsieur tourne autour de la table
Vieux digne frêle
Des souvenirs le hantent de la guerre d’Algérie
La folie des hommes a recommencé
Des textes étalés l'attestent
Il repart léger et lourd touchant
Écorché de ses vingt ans

J’ai trop écouté, une foule attend : trois personnes
Coup d’œil à l’entrée pas d'émeute
Des amis un président sympathique
L’honorable Falmarès
Une famille père mère enfants tous ensemble dédicataires
Un inconnu à nouveau qui s'arrime au port de la table lâche un prénom quelques mots repart le reverrais-je ce lecteur anonyme emblématique de la raison d’être d'un livre ?

Le temps passe enlace brasse embrasse
Dédicace cocasse où cascadent les mots
J’écris joyeux oublieux d'eux déjà
Posés pourtant aux amis aux frères aux lecteurs
Heureusement qu'il y avait ma muse

 

 

 3 février 2024
Séance de dédicace pour « Au jour le jour »
Librairie COIFFARD, Nantes


 

jeudi 25 janvier 2024

Le Parrain - du Printemps des poètes -

 


Ah zut pourquoi j'ai accepté

Va falloir que je visite des taules, des hôpitaux

Des écoles remplies de chiards qui vont réciter des vers à pieds bancals

Va falloir lire à haute voix, tu vas voir, Hugo, Rimbaud, Ronsard, et pourquoi pas Aragon, ils en sont capables, en tout cas pas Mallarmé, j'y comprends rien

Mais c'est que j'ai un tas de de trucs à faire moi, ils se rendent pas compte ces poètes en herbe, et leurs aînés professionnels presque tous prêts à m'écharper

Tiens, je récapitule avant de capituler, en guise de testament anticipé :

d'abord grimper cette paroi en Sardaigne, sur l’île de Tavolara, oubliée lors de mon premier passage, quand je naviguais en me prenant pour Homère

Le chat des Andes aussi m'attend, avant de disparaître

Et le troisième âge, je le vois bien s'approcher au petit jour dans mon miroir, faudra bien que j'en sillonne les gris chemins

Retester ma doudoune tibétaine pour un séjour dans une grotte du Marboré

Trois mois avec un un ours brun, genre animal qui me ressemble, ça sera pas de trop pour aménager correctement la grotte

Filer vers les étoiles - aucun écrivain l’a osé ça, même Elon Musk, ça va lui en boucher un coin

Refaire le coup du phare ça marche toujours

 

Voilà faut qu'ils sachent bien qu'un destin m'attend

Que ces vies je les vis pour eux, à leur place

Que ces livres je les écris avant que l'IA me les pique

Comme on m'avait dit c'est rien ce parrainage

Deux trois plateaux un peu de radio

Et puis que moi je l'aime bien la poésie

J'avais topé sans réfléchir

Mais là par quel bout le prendre désormais


Ah quelle épique époque de polémique




18 janvier 2024

Pétition contestant Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes 2024