mardi 30 novembre 2021

Joséphine Baker au Panthéon




Peut-on être lourd
Quand elle fut si légère
Inconséquent
Quand elle résista
Jusqu’à risquer sa vie
Pour celle de tant d’autres
Quand elle combattit
Encore et toujours
Pour les Noirs les femmes les faibles
Quand elle hissa haut les mains
D’enfants sans lendemain
Peut-on la réduire
Au music-hall
Aux tourbillons de cuisses soyeuses
Peut-on se permettre
Une galipette facile
Parmi tant de symboles
En disant l’éternel
De ses si beaux seins-bols ?




30 novembre 2021

Joséphine Baker entre au Panthéon


 

 

jeudi 25 novembre 2021

La société afghane étouffée

 






Femme en ce pays

C’est vivre à demi

S’écarter plier

Se voiler la face

Rager

Ne plus apprendre

Avoir pour horizon

La maison

Vivre vite la rue

Se dépêcher

S’agenouiller

Admettre sa condition

D’être bas

Voir ses enfants

Plier à leur tour

Univers

Sité ? Salité ?


Femme en ce pays

Souffre et paie

D’idiots d’elle obsédée

Un regard parfois

Soulève un espoir

Tout aussitôt le brise

Quel compagnon pourrait

Braver l’interdit

Toucher une main

Défaire un foulard

Caresser un sein

Fendre une tunique


Femme en ce pays

Attend et subit

Voit la mort chez eux

Sent la vie en elle

Que c’est long de vivre

En feignant le sommeil

 

 

25 novembre 2021

journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes


 

William DANIELS

https://www.lemonde.fr/international/article/2021/11/23/la-societe-civile-afghane-etouffee-a-huis-clos_6103280_3210.html


samedi 20 novembre 2021

recueil de poèsie "La hure-langue" (Roland Cornthwaite)

 

 

 

 

 

 

                             Le mot fuit court comme le sanglier emblème

A nous de le rattraper de s’en emparer  
De se préparer chacun  
À sa propre défense 
 Quand « à cœur ouvert »
Tout partira sans retour
 
 
 
 
 

 
https://editionsisabellesauvage.fr/catalogue/la-hure-langue  

vendredi 12 novembre 2021

La nuit s’apprend

 


La nuit s’apprend dans les rues

Ombrées de réverbères

Quand les corps inquiets

Se rentrent

Découvrant des visages sur les murs

Des vertèbres derrière les colonnes

Se laisser boire par le noir

Apprivoiser la peur

Sa glisse glacée

Son frisson de groseilles


La nuit s’apprend de la lune

Des bois qu’elle surplombe et affole

Des pistes tracées en bord de plage

Nuit qui brûle

Entretient le sabbat

Fourrage farfouille

Fomente des combats de froufrous

Agonies reptations épiements

Drôle de mazout

Qui fore des puits de pièges


La nuit s’apprend sans la mère

Sur de blanches peaux de lait

En bord de fenêtre

Un soutien-gorge au sol

Une lame en coin du bar

Elle s’apprend le jour

Et la nuit

Brûlant les yeux

Avec pour prix à payer

Les nuits blanches du cœur



12 novembre 2021



jeudi 11 novembre 2021

Migrants piégés à la frontière biélorusse

 

Ce que c’est que d’errer

Entre deux frontières

Au-dessus de nulle part

Le quant à soi perdu

Juste un feu de camp

Des hommes qui crient

Des forêts hostiles

La brume en couverture

Et guise de soupe


Ce que c’est que d’errer

À travers des fantômes

La frontière fuyant floue floueuse

Des hommes plus loin

Qui plantent des poteaux 

Erigent un mur

Devant les faons faméliques

Etiolés dans les phares

Ils ne courent même plus

Sans encore ramper

 

Errer c’est avancer 

Le long d’un long cercle

Il y a la frontière 

Il y a le rêve

Des uniformes en hommes


Ce que c’est que d’errer

Avec à peine d’air

Terre brûlée derrière

Zéro projet devant

Ou d’accrocher son cœur

À des fils barbelés

 

 

migrants poussés à la frontière polonaise par la Biélorussie

12 novembre 2021


 

lundi 1 novembre 2021

Pour Alain Accardo

 




Qu’il me pardonne

L’auteur du « Petit-Bourgeois gentilhomme »

Ce propos si léger

Pour dire sa révolution

Son rêve croyable

D’abattre le capitalisme

De changer la société

Pour dire le goût qu’ont ses phrases

Chargées de ferveur de soin

Dont l’orbe allume le feu nécessaire

D’où émergent, tels des dos de baleines sorties prendre l’air

Des mots-sémaphores, morale individuelle, écologie,

Suffisants pour lever le futur

Vitaminer la Thunberg 

Ranimer l’Éluard

Extasier la jeunesse

Qui brandirait ses larmes

En étendards de perles


Qu’on lise ces pages

De sagesse brûlante

Et que mes mots de rien

En soient juste l’hommage

Graines jetées au vent


Editions AGONE