mercredi 29 avril 2020

Confinement 8/déconfinement 1 (nouveau syndrome de Stockholm)



A peine créée l’antre
La caverne la grotte
Qu’on doit remonter l’ancre
Remettre à l'eau la flotte
Des vaisseaux déconfits
Abandonner jardins
Tumultueux voisins
Rieurs intérieurs

C’est comme si le Christ
Descendait de sa croix
Avant l’heure venue
Madeleine endormie
Et au tombeau personne

Laissez moi mes repères
Masqués de jolis trous
Laissez-moi ce repaire
Où j'ai creusé mon trou
J’ai du souffle à reprendre
Avant de pouvoir poindre
Dehors mon nouveau nez




6ème semaine de confinement, 28 avril 2020
Annonce par le premier ministre des modalités du déconfinement

mercredi 22 avril 2020

Poème du confinement 7




Il y a quelqu’un 
Une ombre une silhouette
Fleur ou bête
Quelque chose qui remue qui penche
Qui émet des particules
J’ai besoin de troquer
Des mots contre des mots
Ma peau contre des caresses
D’échanger des souffles
L’avalerais-je ce breuvage du lien
Risquerais-je la vie de mes poumons
Choisirais-je la fièvre du corps
Contre la chaleur des sens ?
Je vais je viens j’hésite 
Je tiens à distance
L’ombre là-bas
De la silhouette
De quelqu’un 
   
22 avril 2020
cinquième semaine du confinement

dimanche 19 avril 2020

Poème du confinement 6








elle s'entasse avec moi
dans la cohue des sentiments
préparant des mélanges
de grains de peau et de coccyx
nous falsifions les émotions
en émulsions tactiles
piquant là un coussin
là une couette
et là un roupillon

nos voyants sont au rouge
le jaune de ses pamplemousses
le bleu des cernes qui l'exhaussent
même le vert de l'avenir
nous n'avons pas envie de faire
et nulle envie de ne pas faire
nous attendons le train
comme des noix à demi-sèches
plantés au quai de l'impatience




18 avril 2020, cinquième semaine de confinement

Poème du confinement 5






une cour où l'herbe court
où penche un vélo rouillant
où s'ennuie sans amants
un réverbère éteint
des oiseaux fous
un stock de silence
à débiter pour qui veut
des fenêtres closes
des rideaux immobiles
trois bancs disponibles
une cour d'immeuble
en dérive




 
15 avril 2020, cinquième semaine de confinement

mercredi 15 avril 2020

Tombeau pour Jean-Paul Sartre





Jean-Paul ? Jean-Sol ?
J’emporte tant de lui comme tant d’autres
Des greniers aux sous-sols des lectures
Œil louche et claire littérature
Raisonnements utilement trapus
Être de lumière au Nobel renoncé
Petit homme à grand destin
Qui aimait le combat et l’être
Et d’abord ses jeunesses
Et pour ce leur laissa
Tant de mots, de pages, d’idées
Que mort autant que vif 
Il nous plaît et nous manque
Dieu poudre aux yeux 
Demi-dieu malicieux 
Auteur faramineux




40 ème anniversaire de la mort de Jean-Paul SARTRE
15 avril 2020

AFP Georges Bendrihem

lundi 13 avril 2020

Poème du confinement 4





Les murs poussent comme les blés
L’air se compacte
La montagne perd en réalité
La lune hypocondriaque
Seule se tient stable
Tournant et détournant les yeux
Préférant ses cratères à la terre d’extinction

Les visages se sont couverts, l’avenir assombri
Le courage chez certains s’est découvert
D’autres finassent, trichotent, prétendent que
Des rumeurs sont venues, des sommets surtout
D'où l'absurde a coulé
Chefs d’États embrassant, serrant des mains
Prédicateurs lançant l’humanité à l’abattoir
Fiers de semer le malheur pour y remédier
Le germe c’est le diable et le diable c’est Dieu !

Qu’il pète de grippette le Bolsonaro
Qu’il s’enfièvre à l'hôpital le Trumpette
Qu’il tousse dans son mouchoir à Brexit le Bojo

Les murs retomberont
Les rires refleuriront
Peut-être la fraternité
En prendra de la graine




8 avril 2020, quatrième semaine de confinement




mercredi 1 avril 2020

Poème du confinement 3 (Covid 1-12-1)




Je

Me sens
Confit de
Confinement
Je n'en finis pas
De lancer le défi
De résister à l’envie
D’aller serrer le cou d’autrui
Pour sortir de cette folle histoire

De rester loin de la langue des autres
De virus en cocon perdant les sens
Qui affole les vies les mondes et les poumons
Je rêve tant d'une montagne enneigée
D’un bord de mer délivré de police
De prendre par l'épaule une fille

Cela adviendra bien sûr

La salive des bouches
Les baisers d’air pur

En attendant
Déconfit
Je suis

Seul


1er avril 2020, troisième semaine de confinement