jeudi 31 décembre 2020

Bye bye Great Britain




Souffle-t-il donc si fort l’appel du grand large
Que ton peuple a besoin de seulement respirer
Sa singularité son insularité 

Est-il un peuple élu ce peuple de marins
Qui ne saurait s’ancrer qu’au milieu de la mer
Et voir le continent comme un boulet tourbeux 

Quelle idée d’aller seul quand tu tenais la main
De pays pleins de fleurs de fruits et de soleil
Ces choses que tes gens ont tout le temps cherchées

Un vote maladroit t’abandonne à ton sort
Si jamais tu survis si jamais tu t’en sors
Espérons que d’avis tu changerais alors



Dernier jour d’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne

31 décembre 2020


 

 

mercredi 30 décembre 2020

Poème du reconfinement 6 : On ferme

 

On ferme les bars

Ça passe

Je n’aime pas boire


On ferme les boites

Pas grave

Ma hanche débloque


On ferme les salles

Occase

De s'polluer l'oeil


On voit mamie

Dis-moi

C'était comment avant


On ferme les yeux ?

Ah non !

Copains de la neuille

Quand de dieu 

De nom de dieu

Finit le couvre-feu


30 décembre 2020




mardi 29 décembre 2020

Poème du reconfinement 5 : Masque laid beau regard



 

Les bouches les moins sages

Sont privées de passage

Les grands nez rabotés

Les menus laminés


Si des peaux se réjouissent

D’autres sont au supplice

Qui aiment les caresses

Que des doigts y paressent


Un seul se trouve heureux

Le regard porte-cieux






jeudi 17 décembre 2020

En geôle égyptienne




Dans la geôle il entend un bruit
 Doux, inhabituel, un frottement
De peau, ou de tissu
De soie, ou de laine, de laine plutôt

Ce petit son le transporte
Hors des fers
Des fils de fer
Des fous de chair
Qui passent le clair
De leur temps à faire
Des éclairs
Dans les regards verts

Il ferme les yeux
Ignore les taches sur les murs
Sur le sol
Il pense à
Des mains de femme 
La coulée d’un renard
Un murmure d’eau lointaine

Comment deviner qu’il s’agit 
De son président
Caressant au revers d’un veston
Une médaille flambant neuve




Remise de la grand-croix de la Légion d’honneur 
au maréchal al-Sissi, chef d’État égyptien, 
le 7 décembre 2020

 

mardi 8 décembre 2020

Poème du reconfinement 4 : Fallait pas déconfiner

 

 

On n'était pas bien dans nos boîtes

À l'abri des bruits, du carbone

Les pieds au chaud télétravail

A se choisir un fond d’écran

Tranches dorées de la Pléiade

Paille dans un verre de grenade

Avec photo de sa maman ?


Le jour la nuit se mélangeaient

Les amis se multipliaient

En ligne on chantait on dansait

Salle de yoga sous la main

On redécouvrait son quartier

On auscultait son lit sa chambre 

 

 

L'amour se faisait en visio


On vivait perdu d’infini

Sans fin l’espace s'expansait

On faisait des bouquets de tiges

Si les fleurs mouraient dans les vases

Et la poudre séchée broyée

Se répandait sur nos paupières

On avait le temps d’inventer

 

Tout s'arrêtait sauf vous sauf moi

Le temps avait plus que le temps

De nous faire passer le temps

L’occasion de poster partout

Nos avatars gonflés à bloc

Par l'air de cette ère équivoque

D’univers de Philippe K Dick

Ainsi nous sentions-nous alors

Membres amollis idées flottantes

Heureux honteux cons mais contents

Au bon temps du confinement 

 

 

8 décembre 2020 

lundi 7 décembre 2020

La maraude (pour Alice)

 

Elle s’est penchée sur lui
Rousse bouclée
« Ça va monsieur ? »
C'est les nouvelles manières des flics ?
Encore un mauvais quart d’heure
Il allait passer
Surtout qu'elle insiste
« Ça va monsieur ?
C’est la maraude ! »
Il se cache le visage
Écarte la torche merde pas de masque
Il était pourtant bien sous ce porche
Curieux pas de cris 
Pas d'insultes pas de bleus
On lui tend un panier
Odeur de soupe chaude
On lui tend un papier
Avec une adresse
« Et un abri... 
rude la vie de rue non ?»
Ils n'ont ni casque ni chien
Ils repasseront disent-ils
Un bruit de pas
Un froufroutement d’ailes
D'elle je crois
 Plus loin reprennent 
Les aboiements les sirènes
Les ronflements de Pierrot
 C'était trop beau 
Ça devait être un ange
activité de l'association « Robin des rues »
http://robinsdesrues.org/ 
 

jeudi 3 décembre 2020

Qu’est-ce qu’elle veut la fille de Dior ?




Elle transperce qui passe

Devant l'affiche fraîche

Sourcils froncés

Paille du regard enfoncée

Muette elle ordonne

Décidée elle décide

C’est toi qu’elle veut

Pour porter son bijou

Elle veut ça la fille de Dior

Moi toi nous

Dans ses beaux draps de peau et de cheveux

Dans la pêche de ses joues

Dans le mensonge de sa moue

Dans l’autorité de sa beauté

Toi moi nous




Campagne publicitaire DIOR

novembre 2020


 

 

mercredi 2 décembre 2020

SASHA

 







Sasha sait déjà tant de choses

Qu’elle est prête à attendre un peu

Pour annoncer l’apocalypse

Tout est profond chez elle

La pensée la voix le français

Elle a changé de genre ? Ah bon

Son regard seul compte

Et ce don d'espoir pour la planète

Seule elle compte, dit-elle

Seule elle mérite qu'elle milite

Entière

Son corps à son âme accordé




https://blogs.mediapart.fr/le-petit-bleu/blog/101120/le-petit-bleu-une

-serie-documentaire-autour-des-transidentites



 

dimanche 29 novembre 2020

Floutons plutôt les casseurs



Quand la vitre de banque explose
Quand s'enflamment les containers
Quand se décroche la mâchoire
Sous la visière du flic à terre


C'est que la cagoule a donné
Des points aux uns des poings aux autres
Mouche du coche des défilés
Qui eux vont visage à l'air libre

Le black bloc doit faire ses dents
De bébé-rageur contre un mur
Un poteau un flic un fourgon
Il est le vrai dénonciateur 

Garantissons qu’il soit flouté
  Si on veut pas se faire flouer
Car c’est pour nous qu’il ose et casse
Chaud à l’abri du premier rang
 
Il a des droits respectons-les
Portons ailleurs notre regard
Détournons de lui nos portables
Les lâches ont besoin du silence  
 
 
28 novembre 2020 
manifestations contre la loi relative à la sécurité globale

(Sébastien Darsy)

 

Poème du reconfinement 3 : Le poème n'a pas d'horaire

 




 

Le poème n’a pas d’horaire

Il arrive le jour la nuit

S'assied s'installe autour d’un verre

Au bout d’un lit ou de l’enfer


Ouvre ses valises de vers

Se gratte le poil fouille hésite

Parfois referme le couvercle

Renonce quand c’est non c’est non


Le plus souvent il veut bien faire

Cherche une assonance une rime

Se développe ou se concentre

Joue l’hermétisme ou la clarté


Il peut devenir fleuve immense

Et c'est le Mahâbhârata

Où se faire court comme haïku

Syllabes denses insaisissables

 

Sur le cahier l’auteur attend

Maladroit fébrile impatient

Il regarde toujours sa montre

- Il a sa carrière à boucler -


Mais si trop tôt il se sert

Dans les propos éparpillés

Cueille des vers trop frais trop verts

Jamais gueulés jamais mâchés


Alors l'écrit qui sort du trou

Sera poème sans visage

Sans toilette nu comme un ver

Qui jamais n'éclaboussera


Ne sera pavé dans la mare

Jamais n'écorchera au sang

La douleur ou la passion

Il restera une bluette


Assignée à un but insigne

Il s'enfoncera sans éclat

Dans un étang d'indifférence

Loin du génie des mots hurlant

 

 

29 novembre 2020


mercredi 25 novembre 2020

Expulsion République

 





Il a pris son baluchon

S’est éloigné

De la place de la République

La pension n’était plus bonne

 La tension montait

L’attention manquait

Il est parti ailleurs

Vers un autre cloaque

Se fondant dans le noir

Lui le sombre de peau

Tenant là peut-être une chance




Expulsion de migrants de la place de la République, Paris 24 novembre 2020

                                                                                                    (Boby)
 



dimanche 15 novembre 2020

L'Arménie





Arménie





Jadis on chantait l’Arménie

De fin papier

C’était douceur

Parfum de rose

On voyait ses montagnes

Nimbées de bleu

Lointaines

Promesse d’une escalade au ciel



Jadis l’Arménie froufroutait

Douceur de laine douceur de soie

Quelque chose au cœur

A soi

On voyait les visages

Les belles mains rugueuses

Offertes larges

Aux plis creusés par les voyages



Jadis on cherchait l’Arménie

Comme on cherche son port

Sa vie

Oui ça existe

C’est mieux que l’or

Que les écus que la richesse

C’est quelque chose

En soi



Jadis on disait Arménie

Et on souriait

Le pain sentait bon

Les filles dansaient en jupes suspendues

On fumait

On buvait

On disait l'harmonie

D'Arménie



deuxième guerre du Haut-Karabakh

cessez-le-feu entre Azerbaïdjan et Arménie

9 novembre 2020


 

 







 

samedi 7 novembre 2020

Kamala HARRIS, Vice-présidente




Bienvenue Kamala 
Au pays des crocos
Tu fais tes premiers pas
Porteuse de l'écho
De tant de voix de femmes
De tant de voix de Noirs 
De tant de voix sans voix
Qu'il te faudra une âme
Entière vers l'espoir 
Consacrée à ces choix




Kamala HARRIS, élue  vice-présidente des Etats-Unis 
7 novembre 2020
(Getty images Mark Makela)
 

 

élection Joe BIDEN

 


Good job-Iden !
 




Sonnez flons-flons

Tremblez trumpettes

Lame de fond

Larmes d'enfin

Enfin la fin

Des déraisons



Oui on respire

Loin du médicocre

Finie la haine

- Joe on l'espère -

Et puis en plus

Des belles paroles

Fous-nous la paix

Un peu partout !





 
 Election de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis
7 novembre 2020 
 (Angela Weiss AFP)

vendredi 6 novembre 2020

Poème du reconfinement 2 : Je n'ai pas peur...

 

Poème du reconfinement 2

 


Je n’ai pas peur du Covid-19, ni du 20

Quand à son tour il viendra titiller la terre

Je n’ai pas peur puisque je baigne avec mes frères

Dans la soupe cosmique à mélange divin


Nous partageons postes postures et postillons

Nous posons sur les mêmes bancs nos postérieurs

Nous touchons toussons poussons du même aiguillon

Pour que la vie se vive dans la meilleure humeur

 

Depuis Noé nous naviguons en barque unique

Faiblard cahin-caha vers des demains meilleurs

On tue encore certes pleurs regrets cantiques

Violence conjurée en couronnes de fleurs


Mais j’ai pas peur de l’assistant respiratoire

Qu'assisteront sous des draps frais les mains expertes

Des infirmières du vivre-ensemble et de l'espoir

Tous unis aux balcons pour conjurer la perte

 

6 novembre 2020

 

 

dimanche 1 novembre 2020

Poème du reconfinement 1 : J'avais pourtant tout fait...

Reconfinement 1




J’avais pourtant tout fait :
Étouffé dans des bras
Esbrouffé dans des bars
Arpenté des marchés
Feuilleté des musées
Traîné dans des cinés
Le Saint-Raoult prié
L’hydro-gel négligé
Pris des tramways bondés
Marché couru soufflé 
Dispersant les suées 
Et sans rien attraper
Tout ça récompensé ?
Nenni, reconfiné !






Reconfinement décidé par les pouvoirs publics
30 octobre 2020

 

jeudi 29 octobre 2020

Alain REY (a pris la mort au mot)




Il a tiré un trait
Sur la vie. Tout est dit
Ou presque tant il mit
D’énergie à tirer
Hô ! hors d’eau les mots
Grattouillés chatouillés
D’un je ne sais quoi épongés
Soins d’entomologiste
À l’étymologie
A l’aise dans la phrase
Véloce dans l’adverbe
Ami de chaque auteur
Malicieux rigoureux
Le mot par lui vrillait
Durait fondait tenait
Un bonbon sous la langue
Laissant un bon goût d’encre

Toujours on y revient
Au péage des pages
Aux cornes des pavés
Tournent et tournent les feuilles
Et la tête et les sens
La vie est un manège
Et l’allant de l’Alain
Ce qui la fait vibrer




Mort du linguiste Alain REY, concepteur  des  dictionnaires « Robert »
28 octobre 2020
(« Mort : n.f. (Xe ; lat.mors, mortis). I. Cessation définitive de la vie... ») 
 
(Eric Feferberg, AFP)

 

lundi 26 octobre 2020

Le furieux







Il file le coton
De l’aigreur du confit
Ricane comme hyène
Appelant à la haine
Il se croit admiré
Au bord de la mer Noire
Quand d’un coup d’allumette
Il déclenche un brasier
Ouvre la porte aux sots
Légitime les fous
Encourage les lames

Le destin le regarde
Confus que faire de cette
Irréparable donne
Son peuple même a honte
et pleure



Insultes du président Turc à l’égard du président Français 
à propos des caricatures de Mahomet
23-25 octobre 2020

 

vendredi 23 octobre 2020

COUVRE-FEU

 


Comment baiser
Des lèvres fraîches
Comment dire à
Sa mère qu’on l’aime
Comment jouer
Des cris des plaintes
Comment partir
À l’aventure
Un mot de guerre
Guerre des mots
Vie mal partie
Pour l’empathie
On nous dit ci
On nous dit ça
On fait ceci
On fait cela
Nous citoyens
On reste au rien
Au rien à dire
Au rien à faire 
 Extension du couvre-feu lié à l’état d’urgence sanitaire
22 octobre 2020  

 
 

Avortement en Pologne


1-


Gros dos ventre rond
Gros ventre malgré soi
Souffrance à s’enfoncer
Jusqu’à passer la frontière 
Faire avec ça pour être sans
Pour être sûre à cent pour cent
Les autres s’en lavent du sang 
Sur leurs mains répandu
Subir, cacher - taille épaissie seins grossis - 
Se contrôler, se surveiller, craindre, trembler
Les autres s’esclaffent en slip d’église consacrés
Sauf quand leur fille arrive
Ronde d’un père qu’ils ne veulent pas
Et d'un beau-fils à détester

2-

Abstenez-vous femmes polonaises
Obstinez-vous au sans rapport
Tant pis, les hommes iront entre eux
Du ventre ils grossiront
Auront couche de gras
Par dessus couche du ridicule
3-

L’enfant viendra en son temps
Chanter
Laissez-lui le temps
De dire
Qu’il est prêt
Laissez-moi lui parler
Longtemps
La nuit, en rêve, le jour, en vrai
Laissez-le faire son chemin
Laissez sa mère le préparer 
Laissez les femmes décider

 
  
Le tribunal constitutionnel  polonais valide la loi restrictive sur l’avortement 
(22 octobre 2020) 
 

 
 

dimanche 18 octobre 2020

Un professeur assassiné





Un professeur assassiné


Les enfants le regardent, l’écoutent
Ils apprennent que la Terre est ronde les étoiles mortes 
les hommes vivants et minuscules
Ils apprennent du professeur
Ensemble
Leur esprit s’ouvre s'élève leur pensée 
Ils se découvrent, se comprennent
Le professeur passe la complexité
Les enfants écoutent, apprennent
Ils savent que c'est pour eux



Assassinat, à raison de son métier, de Samuel Paty
professeur à Conflans-Saint-Honorine
16 octobre 2020 

 

 

dimanche 4 octobre 2020

Fuis donc, Arthur Rimbaud !

Les tombes sont faites pour les os
Les zoos, les mortes-eaux
Les Panthéon pour les pantalonnades
Postérieurs en postérité
Toi qui étais le vent
Qui en quêtais le souffle
T'en meurtrissais jusqu’en Abyssinie
Toi qui prenais les routes
Sans bas-côtés sans fins 
Brûlé d'ivresse
Tenant tête au soleil
Toi que le vent dévorait
Et qui bouffais le vent
L'absolu brisé

Aurais-tu besoin de prières 
D’admirateurs confits en dévotion
De faux errants blottis en leur cinquième arrondissement 
- Paulo lui, qui était du quartier,
Aurait goûté le pied de nez
La République qui paye son coup
Ça ne se refuse pas ! -
 Mais avisant la camisole de pierre
Tu aurais crié d’horreur et les grands hommes effrayés 
Auraient repoussé leur couvercle 
Et fait une foire de tous les diables

Fuis donc, Arthur Rimbaud !
Même si c'est fait depuis longtemps
Car ils sont loin tes vers
Éparpillés dans les étoiles
Accessibles inaccessibles
Et nous qu’attendons-nous 
 « N’ entre pas ici, Arthur Rimbaud », écrit Dominique de Villepin le 4 octobre 2020
 en réponse à une pétition sollicitant l’entrée combiné au Panthéon de Arthur Rimbaud et Paul Verlaine

 

(Lettre de Germain Nouveau à Verlaine - 4 août 1876)

vendredi 14 août 2020

Pourtant je prends garde

 


 

Je mange mon chapeau

J’avale des couleuvres

Je change de version

Je dis la liberté

J’applique les sûretés

Je bois un peu la tasse

Tout tassé à mon banc

Je fais ce qu’on me dit

Jadis j’étais seigneur

Et me voilà valet

 Pourquoi tout ça pourquoi

Avez-vous une idée ?