vendredi 28 septembre 2018

Les hommes ne méritent pas les femmes




      Trop rasés ou pas assez, négligés, la peau rêche sombre rouge, les gestes sans grâce, mal inscrits dans l'espace, rien des statues, des guépards, du corps inquiet qui balance dans le bleu du bitume

      Les hommes ne méritent pas l'amour que les femmes déversent les yeux grands ouverts, leur non-violence, la vie donnée quand eux la prennent, dans leurs guerres, leurs combats puérils, leurs cris, leurs bagarres, leurs envies de drapeaux

      Les hommes ne méritent pas le rire des femmes, leur souplesse, l'éclat de leurs yeux franc comme celui du soleil sur les pierres

      Les hommes sont sourds, aveugles
      Ils ignorent la source comme le ruisseau, se contentent du flot, et quand ils voient la mer, ils croient trouver l'infini que les femmes, déjà, ont en elles depuis grosses

      Les hommes sont patauds, maladroits, leurs chaussures ont les talons usés, le cuir déverni, les chaussettes trouées, ils s'arment de certitudes et arrachent les fleurs quand il faudrait les planter

      Les hommes ne méritent pas le regard des femmes qui, désolées souvent, leur font pourtant bonne figure, les aiment même, indifférentes au coût de leur don

      Les hommes ne méritent qu'un miroir se voir tels qu'ils sont, pâle reflet d'un amour qu'on leur sert et qu'ils broient, inconscients, croyant au miracle de la poudre éternelle


(à Thelma et Louise et Rezvani, 28 septembre 2018)

vendredi 14 septembre 2018

François Corneloup









Il arrive en bateau

Le François

Son saxo dans le ciel

Rafraîchi d'impro

Notes bleues

Crème
A peine café


Qui de tout nous dédouanent



Sur les quais on s'arrête

Saisi

Sauf les joggeurs

A cause des écouteurs



Et les trilles vrillent

Les spirales embobinent

Les visages amarrés

Extatiques



Au matin on est mûr

Pour faire le raccord

D'un corps à Corneloup

Se perdre de records

D'accords et encore

Et toujours

D'accord

8 heures du matin, 2 septembre 2018
seul sur un quai de l'Erdre...




« La nation est de retour ! »






On s'axe mal en Saxe
Qu'un homme meurt
Et oh ! hisse !
On s'arrime au fascisme
On déchaine la haine
La phobie affolée

Les cranes volent ras
Comme souvent\comme toujours\comme hélas
Revendiquant sournois
Qu'on punisse le vice
Aux étrangers vissé

Ils disent stop
Ces néos du néant
Bras tendus vers le rien
Laissez-nous entre nous
Laissez-nous nous tuer

Laissez à la frontière
La vie et les idées
Les illusions les rêves
Les différences



27 août 2018, à Chemnitz (Allemagne), manifestation d'extrême droite
après un meurtre imputé à des réfugiés

Cette putain de peau noire



Cette putain de peau noire
Qu'elle est belle
A la rue
Au soleil

Dans les draps de soie
Où s'allonge ma belle
Avec ses couleurs
D'arc-en-ciel sous la pluie

Regardez ses reflets
Son grain doux qui frémit
Miles Davis étendu
Sous les doigts de la Jeanne

Qu'elle brille
Cette putain de peau noire
Se riant des ténébres
Jour qui joue de la nuit

Elle fait des envieux
Cette putain de peau noire
Des qui veulent pas voir
Des monteurs de ghettos

Alors flambent les villes
Et s'éclairent les consciences
Au prix trop cher hélas
D'une chair rouge sang

La peau blanche en regard
D'une putain de peau noire
N'est qu'amorce de l'aube
Jalon de devenir

Quand le noir sera lu
Comme un blanc éclatant
Les hommes alors enfin
Se verront comme ils sont
7 juillet 2018

samedi 1 septembre 2018

Des lions pour des lions







Fusion
Explosion
Confusion maitrisée
Sous les spots
Carburent les cuivres
Dépotent les potes
Comme des bateaux ivres

On funk on danse on rock
Vive la bande des quatre
Qui serait Sonic Youth
Que ça étonnerait pas
Ou Funkadelic 
Ou Nguyen Lê 
Ou le vent brésilien
Ou tout ça à la fois

Ces lions affairés
A griffer cordes et anches
A frapper le tambour
A pulser la guitare
Ont l'audace pour plan
Le rugissement frais
Et crinière commune

Ces lions en scène
Que la cage indiffère
Que le zoo terrifie
Etendent leur fourrure
Comme un genre d’amour
Sur la salle la rue
Sur la nuit sur la vie

(Pannonica, 1er septembre 2018, Rendez-vous de l'Erdre)