mercredi 7 octobre 2015

J'ai vu



J'ai vu



J'ai vu le ciel se fendre
Comme des sourires de chats
Des oeufs tomber
En tombeaux amers

J'ai vu des villes passer
De rien à mégapole
Hypertrophie de tôles
Où les linges rincés par les femmes
Dans des bassins de rue
Prenaient un ton étrangement cobalt

J'ai vu l'océan
Noyer des troupeaux
Envahir les herbages
Tremper des villages
Dans le lait de l'exil

J'ai vu des femmes
Vivre au bord des rails
Y allaiter dormir
Le ballast pour horizon

J'ai vu Pékin
Ou plutôt je n'ai pas vu Pékin
Ou plutôt si j'ai vu Pékin
Ciel et rues ne faisaient qu'un
Sous la purée toxique

J'ai vu des visions
Comme Rimbaud
Des feux des explosions
Des volcans volant la vedette
Aux artificiers italiens

J'ai vu des taureaux
Se rebeller
Fini de décorner
J'ai vu des grenouilles
Soulever les ruisseaux
Des écureuils appeler la forêt
Au tam-tam de queues ébouriffées
J'ai vu des zèbres
Exiger des ratures
Les poulets gendarmer la nature
Au nom d'un cycle maîtrisé
L'oeuf fut le premier

J'ai vu l'homme obstiné
Paon devant l'inexorable
Heureux de cécité
Il y aura Mars Vénus Jupiter
D'autres sphères
Où apporter l'enfer

J'ai vu la résistance dans les yeux de l'Arthur
Le cri sans nom dans sa bouche rebelle
Ses pensées drues sous les cheveux courts
Enragé d'un impossible partage
Il savait tout
Rien n'advint pourtant



28 septembre 2015, l'aviation française entre en action en Syrie

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