J'ai
vu
J'ai
vu le ciel se fendre
Comme
des sourires de chats
Des
oeufs tomber
En
tombeaux amers
J'ai
vu des villes passer
De
rien à mégapole
Hypertrophie
de tôles
Où
les linges rincés par les femmes
Dans
des bassins de rue
Prenaient
un ton étrangement cobalt
J'ai
vu l'océan
Noyer
des troupeaux
Envahir
les herbages
Tremper
des villages
Dans
le lait de l'exil
J'ai
vu des femmes
Vivre
au bord des rails
Y
allaiter dormir
Le
ballast pour horizon
J'ai
vu Pékin
Ou
plutôt je n'ai pas vu Pékin
Ou
plutôt si j'ai vu Pékin
Ciel
et rues ne faisaient qu'un
Sous
la purée toxique
J'ai
vu des visions
Comme
Rimbaud
Des
feux des explosions
Des
volcans volant la vedette
Aux
artificiers italiens
J'ai
vu des taureaux
Se
rebeller
Fini
de décorner
J'ai
vu des grenouilles
Soulever
les ruisseaux
Des
écureuils appeler la forêt
Au
tam-tam de queues ébouriffées
J'ai
vu des zèbres
Exiger
des ratures
Les
poulets gendarmer la nature
Au
nom d'un cycle maîtrisé
L'oeuf
fut le premier
J'ai
vu l'homme obstiné
Paon
devant l'inexorable
Heureux
de cécité
Il
y aura Mars Vénus Jupiter
D'autres
sphères
Où
apporter l'enfer
J'ai
vu la résistance dans les yeux de l'Arthur
Le
cri sans nom dans sa bouche rebelle
Ses
pensées drues sous les cheveux courts
Enragé
d'un impossible partage
Il
savait tout
Rien
n'advint pourtant
28
septembre 2015, l'aviation française entre en action en Syrie
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