Trop
rasés ou pas assez, négligés, la peau rêche sombre rouge, les
gestes sans grâce, mal inscrits dans l'espace, rien des statues, des
guépards, du corps inquiet qui balance dans le bleu du bitume
Les
hommes ne méritent pas l'amour que les femmes déversent les yeux
grands ouverts, leur non-violence, la vie donnée quand eux la
prennent, dans leurs guerres, leurs combats puérils, leurs cris,
leurs bagarres, leurs envies de drapeaux
Les
hommes ne méritent pas le rire des femmes, leur souplesse, l'éclat
de leurs yeux franc comme celui du soleil sur les pierres
Les
hommes sont sourds, aveugles
Ils
ignorent la source comme le ruisseau, se contentent du flot, et quand
ils voient la mer, ils croient trouver l'infini que les femmes, déjà,
ont en elles depuis grosses
Les
hommes sont patauds, maladroits, leurs chaussures ont les talons
usés, le cuir déverni, les chaussettes trouées, ils s'arment de
certitudes et arrachent les fleurs quand il faudrait les planter
Les
hommes ne méritent pas le regard des femmes qui, désolées souvent,
leur font pourtant bonne figure, les aiment même, indifférentes au
coût de leur don
Les
hommes ne méritent qu'un miroir où
se voir tels qu'ils sont, pâle
reflet d'un
amour qu'on leur sert
et qu'ils
broient,
inconscients,
croyant au miracle de la poudre éternelle
(à
Thelma
et Louise et
Rezvani, 28
septembre 2018)
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