HAÏTI (dix ans après le séisme)
Le
poème pourrait partir broué au noir, foncé de boue
chargé de mots chargés typhus choléra corruption brigands fous déchaînés violant les trop nombreux que l'incurie contraint aux bidonvilles
Le poème pourrait froncer au crayon gras
Le poème pourrait froncer au crayon gras
des pages déjà noircies à la sanguine
filer un visage d’île et d’elles terrifiées et puis s’enfuir à l'aéroport ciao ciao Paris m’attend pour un bouquin
Le poème pourrait fermer un cercueil
filer un visage d’île et d’elles terrifiées et puis s’enfuir à l'aéroport ciao ciao Paris m’attend pour un bouquin
Le poème pourrait fermer un cercueil
en boîte Haïti et qu'on n'en parle plus
Le poème va ailleurs
saute les flaques, évite les rats, change cent fois de rue, se noie dans les noyaux nauséabonds, s’arrête sur un seuil, saisit dans l’œil d'un gamin l’irréductible
quelque chose qu’il se garde de nommer
Le poème va ailleurs
saute les flaques, évite les rats, change cent fois de rue, se noie dans les noyaux nauséabonds, s’arrête sur un seuil, saisit dans l’œil d'un gamin l’irréductible
quelque chose qu’il se garde de nommer
Il s'installe avec l’enfant debout au bord de la faille
12 janvier 2010, un séisme cause 250.000 morts en Haïti 12 janvier 2020
(AP Photo/Rebecca Blackwell)
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